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Que signifie être soi-même ?

par Antonin Van Der Straeten 15 Avril 2016, 23:00 Philosophie Société

« Connais-toi toi-même » disait Socrate.

Nous pouvons entendre, parfois, des mots, remettant en question la seule existence de notre personne, aussi simples soient-ils. Ils nous rapportent un changement, une variation dans notre manière d’exister, par rapport à une période plus lointaine. Parfois est-ce même nous-mêmes qui nous nous rendons compte de ce virage, que nous pouvons nous permettre, quand nous y pensons, de qualifier comme étant une déviance. Interrogeons-nous donc sur ce qu’est être nous-mêmes, sommes-nous d’ailleurs conscients de ces mutations de notre esprit ? Nous allons aborder ce sujet en nous rapportant à notre conscience donc, mais aussi à la subjectivité de ce jugement sur nous-mêmes, tout en voyant ce que le vécu peut apporter à notre personne.

Nos habitudes forgent notre être, nos fréquentations également, nous sommes ce que nous faisons. Il nous apparait évident qu’en accompagnant une troupe de gens, tout en approuvant leurs faits et gestes, l’image que l’on dégage sera celle de l’ensemble de ce troupeau. Seulement, il arrive que nous accompagnions ces gens de manière aléatoire, sans avoir l’impression de mal faire, ou de bien faire. Cette inconscience, cette absence de réflexion dans l’optique d’exécuter un acte, montre parfois notre vraie nature. Nous-mêmes, quand nous nous sommes dits, à cet instant, que nous allions rouler trop vite, faire un trajet d’une trentaine de kilomètres en vélo sous la neige, simplement pour apercevoir le visage d’une personne. Notre absence de conscience met parfois autrui devant la véracité de notre être.

Au contraire, si nous réfléchissons trop à certaines choses, nous risquons de parvenir à l’aliénation de nous-mêmes, d’agir ou de dire, de ce fait, des choses qui ne nous ressemblent pas. Il existe cependant certains caractères où la réflexion se montre omniprésente ; c’est là une autre manière d’être soi-même, où la conscience est primordiale dans la moindre action. Il est nonobstant cela important d’avoir ses propres limites à la réflexion, car une action trop réfléchie, trop bien programmée peut s’avérer, dans la réalisation, aussi mauvaise qu’une architecture imaginée par un artisan plâtreur.

Dans cette relation à la conscience des choses, la personne que nous sommes peut être responsable de ce dont elle n’a pas conscience, à la condition que nous y participions.

Voilà que certaines critiques pourraient ressurgir et que le jugement d’autrui pourrait à nouveau se manifester. Ce jugement est soumis à sa propre visions des choses, et souvent ne tient guère compte d’arguments réfléchis et vérifiés, voyons donc le rapport à la subjectivité dans notre idée de nous-mêmes.

Quant à cette possibilité subjective, l’image que nous donnons à autrui en est souvent le verre plein, surtout quand nous ne sommes qu’un détail dans le champ de vision de la personne qui nous juge. « Il/elle a l’air… » est un début de phrase commun lorsque la personne dont nous parlons est étrangère à notre répertoire des connaissances. Ce que l’on appelle la tête du client s’avère être alors véritablement effectif. Nous sommes à ce moment une idée dans l’esprit d’autrui, peut-être est-ce une vision qui s’avère correcte, celle-ci est rare au premier coup d’oeil, il faut l’admettre. Autrui voit alors qui nous sommes, et non ce que nous sommes. Son avis n’est que le sien, souvent infondé au premier abord. D’ailleurs, ce que nous sommes pour autrui ne se construit fréquemment que par les rumeurs qu’il veut entendre et croire, s’enfonçant dans cette subjectivité fuyant la vérité.

Ce que nous sommes, être soi-même, n’est-ce pas finalement faire et penser comme nous voulons, écouter la musique qui nous transporte, parler à qui veut bien de nous comme nous sommes, et non comme autrui voudrait que nous soyons. Est-ce alors être nous-mêmes que de faire différemment pour attirer l’attention, puisque certains goûts peuvent apparaitre lorsque nous fréquentons une personne en particulier : ses goûts peuvent devenir les nôtres, il en va de même pour les mauvaises habitudes. L’imitation a ses limites flagrantes. Être soi pourrait alors se résumer à simplement faire les choses comme nous les entendons ; à savoir parler d’une manière qui nous est préférée, nous vêtir de notre comme il nous sied, oubliant le goût et l’assentiment d’autrui, gardant uniquement notre avis, il en va de même pour nos pensées et autres idées.

Finalement, il est encore possible que ces avis aient été modifiés, triturés et agrémentés par notre vécu, qui vient donc souvent modérer -en quelques sortes- notre être. En effet, une expérience négative pourra avoir tendance à nous rendre pessimiste, car nous aurons conscience de notre capacité à revoir ces mauvais passages. De ce fait, ne faudrait-il pas voir notre pessimisme éventuel comme étant présent par cycle, telle une roue qui tournerait, telle une parabole sinusoïdale ; relatant à notre joie ou à notre détresse. Il nous apparaitra alors que chaque être a un potentiel Sisyphe en soi, chacun ayant sa manière de l’imaginer poussant son rocher.

Taillons dans nos propres rideaux, tirant nos simples faces cachées...

Taillons dans nos propres rideaux, tirant nos simples faces cachées...

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