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2017 : mon bilan

par Antonin Van Der Straeten 24 Décembre 2017, 17:47 Chroniques Noël France Jeunesse

    Il faut bien y revenir, à cette année, avec sa sonorité pourrie et sa banalité de forme, toujours en douze mois et cinquante-deux semaines. Encore une fois, je sais. Encore une fois je vais étaler ma misérable existence, parce que j’en ai envie, par pure autosatisfaction et parce que j’emmerde ceux que ça emmerde. Jusque là, rien d’inhabituel me direz-vous, mais vous aurez remarqué, pour ceux qui suivent mes âneries depuis maintenant quatre années, que j’ai modifié l’accroche et arrangé l’introduction. Là aussi, il faut innover, amener le renouveau ; attendez je finis mon fou-rire. Allez, au tapin !

    Ce n’est pas pour autant qu’il fait s’attendre à quelque chose de drastiquement différent, je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir changé et je déblatère toujours autant de conneries…

 

Mars. Mais bordel VDS, combien de fois faudra-t-il te dire qu’une année commence en janvier..?

 

Dans l’intense froid de la charnière annuelle, les esprits se réchauffent comme ils peuvent ; pour commencer l’année, c’est au Gewurtztraminer et au Pouilly qu’on s’abreuve.

 

Janvier. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, pas celui d’amis : il fait bon commencer une année avec ceux qu’on aime, même si le lendemain est champ de bataille. Finalement, il est bien drôle de traverser la forêt du village dans lequel on habite par moins cinq degrés pour se sentir un peu plus frais. Douze kilomètres et un vieux château de retrouvé, Abreschviller a ses charmes et un Léon IX qui sommeille potentiellement dans les ruines, là-haut sur la colline.

Un peu plus tard, les Conn’Arts sont à l’honneur en première partie d’un humoriste belge, Delgado, là où tant de fois ils sont déjà venus. Une soirée dédiée à l’humour noir où je suis entré en plateau avec un pull vert, un vendredi treize : j’en connais qui auraient fait une crise cardiaque… On verra bien ce que ça donne en mars !

Une bande de profs ne peut pas s’empêcher de me dire que je ne suis pas scolaire : grande nouvelle ! Merci les gars, j’étais pas au courant… Et c’est ce même jour que Jean-Luc a réuni les intéressés à Florange, et je sens venir un vent nouveau. Par chez nous, on se demande qui peut bien l’incarner ; et pourquoi pas moi ?

« Il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant. »

 

Février. Encore une année où le mois de février est lésé, parce que c’est un mois de merde où il ne se passe rien, et qui ne devient intéressant qu’une fois tous les quatre ans. Bon, une fois n’est pas coutume, il y eut quelques plaisirs, le 12, qui est le jour de majorité des marmottes. Ouais, je recommence les private jokes parce que, mine de rien, j’aime bien quand vous ne pigez pas ce que je veux dire. Le fait d’être en vacances n’est pas désagréable, surtout quand le soleil se pointe et que je peux sortir mon vélo tout vert et aller à Strasbourg pour, encore une fois, voir Jean-Luc. Quand est-ce qu’on abroge le CETA ?

Pour ne pas déroger à la règle et pour compatir à la douleur des célibataires : la Saint-Valentin ? Tu te tais, à tout jamais.

 

Mars. Là, pour le coup, c’est bien de mars dont il s’agit, pas une de mes tendances étranges à vouloir commencer par ce qui m’arrange. Et justement, je commence à m’arranger de la présence de mes camarades, la semaine, quand leur richesse humaine me rend un tantinet moins pauvre. 

A Nancy, un samedi soir, on a cru se faire peur, mais tout rentre dans l’ordre, comme un simple retour logique des choses, et une fois encore, le Capitole nous attend dans à peine un mois et demi, pour le retour de l’incroyable dinguerie : à mort le plagiat.

Mon visage commence à se montrer à droite, à gauche -surtout à gauche en fait- quand dans le journal local, les gens me voient pour la première fois, avec un phi dans le dos, mais ce que j’ai, c’est surtout avec une équipe grandiose. Allons, enfants de la partie…

Ah, j’allais oublier, en ma possession désormais est une Saxo Bic de 98, cette élégance à la française ! Arrête de boire VDS !

 

Avril. Comme il est coutume de dire que ce mois est une blague, que dire alors quand le 23 on va aux urnes pour finalement se dire que la France est peuplée de veaux, sans le moindre bon sens. La déception se sent. La rage se montre. Finalement, ces abrutis verront bien que l’on va dans le mur…

Dans le sud de l’Alsace, me fait enfin confiance, les gamins adorent et je m’éclate. Deux d’entre eux, des gamins blonds, une utilisation des mots parfaite, sont de véritables anges mais en eux, les poumons ne suivent pas aussi bien qu’ils le devraient. « Écris l’histoire, tout ce que tu voudras entre mes lignes… » C’est au même endroit, dans la vallée de la Thur, où je travaille pour l’électricité française, que je rencontre deux collègues qui sont en fait des petits coeurs. J’étais presque aussi triste en partant que si j’avais été un gamin. Avec mon vélo dans le coffre, après avoir escaladé le Grand Ballon le 10, je rentre en prenant mon temps et en regardant les vignes sèches à ma gauche, dans ces collines sous-vosgiennes si charmantes.

La Grande Armée 2.0 voit le jour et grossit ses rangs, pour que l’incommensurable plaisir du début du mois d’après soit encore plus belle : on a rarement, pourtant, vu un régiment se bouger le derche en attaquant en bus…

 

Mai. Mes petits couillons, le 6 mai est une géniale date. Quand 800 personnes s’amassent dans le Capitole, il est peu probable que l’on entende nos amis parler. Il l’est un peu plus de les entendre hurler, chanter, le même mot : « Conn’Arts ». Allez les enfants, tous en choeur ! Même si le résultat n’est pas celui qui était le plus enviable, le trophée qui correspond au podium siège en bonne place ! « Ta tirade était plus belle qu’accessible » me dit-on, je m’en souviendrai. Je me souviendrai aussi de ces amis et de ces camarades des quatre coins de la région, qui ont partagé le plateau et les rires. Je crois bien que je vous aime les gars.

Il fallait bien que le lendemain soit pénible : comme la désagréable sensation qu’est de sortir d’un isoloir avec une enveloppe vide. Fasciste va, en ne votant pas pour Macron tu fais le jeu du FN ! Honnêtement ? J’attends que le plus piètre des dictateurs vienne te sectionner les cordes vocales, pour que tu taises à jamais et que tu cesses de raconter un agrégat de conneries.

La fin de mois est dense, entre Villejuif, où je n’avais jamais vu un Jean-Luc aussi en forme, et une salle aussi motivée à bien faire, et une alternance entre épreuves de cinq heures et rendez-vous à la préfecture. Pas banal pour un étudiant, un peu plus pour un candidat aux élections qui a accepté de céder sa place acquise par élection à une femme qu’il connait à peine et qui semble efficace. Qui semble, qui semble…

 

Juin. Les beaux amènent avec moi le temps des responsabilités, celle surtout de faire face, avec mes camarades de cet avenir en commun que nous voulons construire, à l’incompétence chronique de la dame qui est censée nous représenter. Après tant de travail, de tracts distribués, de gens rencontrés, de kilomètres parcourus et d’affiches collées, nous n’arrivons qu’à 5,97%, bien trop peu à mon goût. Que dire des gens qui sont restés collés à leur canapés pour soixante pour-cent d’entre eux ? Au moins, je vais pouvoir me dire que ce score est le même que ma moyenne en philo sur l’année : performance ! Voilà que l’autre potiche est contente…

Comme dans la continuité des insultes, un dimanche bien ensoleillé, j’ai du sortir du rouge à un entraineur bien virulent, qui aura son quart-d’heure de gloire dans un torchon de papier recyclé local. Mais où sont donc passés les journalistes compétents. Les superviseurs ont d’ailleurs oublié d’être pédagogues…

Bien entendu, dans une autre continuité, je valide enfin ce qu’on peut appeler une première année. Un drôle de sentiment, celui d’avoir enfin réussi quelque chose. Je serai donc un khâgneux historien-géographe, ou plutôt l’inverse en fait : la géo comme centre et l’histoire en périphérie, comme la Sologne par rapport à Paris.

En parlant de périphérie, celle de Metz est un terrain sympathique pour les escapades cyclistes par trente-cinq degrés, de quoi se faire engueuler par une grand-mère qui a le sourire et qui -en même temps- me tend de l’eau fraiche et un bout à manger. Celle de France, qui finalement n’en est plus vraiment une : la montagne, n’a rien perdu depuis l’année dernière, et au détour des Aravis, je boucle cent dix-huit kilomètres à une vitesse qui me surprend encore, ceux qui arrivent en même temps que moi avaient déjà roulé quatre fois plus que moi avant ce 25 juin, au Grand-Bornand, et où j’eus en haut de la Colombière la plus belle des visites. Performance, disais-je…

 

Juillet. Je retrouve mon passe-temps favori quand s’allume la télé, et même sur le bord de la route quand à la Planche des Belles Filles, Fabio Aru passe devant moi à une vitesse qui l’amènera à la victoire un kilomètre plus haut : le Tour de France est toujours aussi beau, et les norvégiens gagnent enfin…

Pour clôturer une année forte de café, sur les bords du lac de Pierre-Percée et dans les hauteurs de Gérardmer, on se retrouve ensemble dans un pauvre petit bled, perdu entre deux routes que les cartes les plus globales ne connaissent pas ; pas sur non plus que les habitants de la vallée juste en contrebas les connaissent non plus. GDLT s’exporte, c’est parce que vous êtes beaux. Certains de ces petits coeurs s’envolent vers le Louvre, j’espère que bientôt je pourrai à nouveau vous serrer dans mes bras, sans chialer cette fois.

Alors que je continue à animer un centre de loisirs avec des gens merveilleux, dans lequel on fêtera même mon anniversaire, des parents me demandent de faire un effort en 2020, allez savoir lequel… « Après En Marche!, c’est En Retard… »

Faute de temps, ce stylo qu’on m’avait offert est resté au fond de ma trousse, la faute à l’ère numérique aussi, sans doute…

 

Who cares if one more light goes out in a sky of a million stars - Well, I do -

 

 

Août. Quand les marmottes sont en vadrouille, il faut bien s’occuper, et comme je suis doué : je me fais chier. Et quand je me fais chier, ça fait chier. Enfin vous avez compris quoi… C’est pourquoi je me dresse autant que possible sur mes pédales. Une première fois, je prends la direction de Strasbourg : Arcalis apprécie grandement. Le retour, c’est autre chose, pris dans un orage et dans le vent, la gueule dans le froid, j’échoue à douze kilomètres de la maison, trempé et incapable d’avancer sans trembler, en France (ouais je suis géographe, y’a quoi, connard ?) - là aussi ça fait chier, mais ce sera pour une autre fois. En effet, deux semaines plus tard, armé de prolongateur, j’affronte l’ennui du canal entre Saverne et Strasbourg, puis j’enchaine, après une glace, faut pas déconner, avec le retour, en passant par le Donon, faut pas déconner. Sous les premières étoiles de la fin d’une journée d’août, je boucle un aller-retour par deux versants différents en cinq heures et vingt-six minutes, pour une distance totale de 169 kilomètres. Non, je ne fais pas les choses à moitié : il faut être con jusqu’au bout !

Les Conn’Arts ne s’étaient pas réunis depuis bien trop longtemps, et c’est alors que nait dans une certaine urgence le premier épisode de l’Inspecteur Colombin et que nous commençons à voir les lignes tout à fait nettes de la silhouette d’un futur spectacle : on a hâte d’y être.

 

Septembre. Alors que je pense à préparer ma rentrée, je découvre que je suis sans-abri. Ce qui m’amène donc à faire des aller-retours chaque jour, bonjour Metz… j’aurais voulu retrouver cette ville que j’aime d’une autre manière, d’autant plus que les gens que je découvre sont de la même lignée que ceux que je connaissais déjà, ça va bien se passer, je le sens bien.

Autrement, il y a comme un flottement, un essoufflement, et j’aimerais que certaines choses recommencent à respirer à pleins poumons. Faites un effort, au-delà du silence de l’amour. Il serait préférable de ne pas se vautrer comme une loutre sur une luge d’été, comme un aveugle marchant au bord d’un gouffre, même quand on a l’impression d’avancer dans le vide…

Finalement, dans le malheur d’un échec administratif dont cette seule direction a le secret, j’ai trouvé mieux pour dormir, en face d’un graoully flottant au-dessus du village Taison : un mal pour un bien, il faut le dire.

 

Octobre. On croit être arrivé au bout du bout, vers la lassitude la plus complète. Là se trouve ce qui semble être la fin d’un ère. Angélique, entre ses deux heures d’anglais, me dit d’un air inquiet que j’ai l’air d’être au bout de ma vie. Dans le plus grand des calmes, je me contente de lui répondre que je suis au bout d’autre chose. Une énième remise en question, et dans la folie la plus relative, celle qui caractérise finalement, je saute dans le premier train pour Strasbourg. Comment ça je suis à Metz et il n’y en a jamais ? Soit. Je passe par Nancy. Il faut bien se lancer dans l’inconnu pour tenter de sauver les meubles, ou ce qu’il en reste. Ainsi soit-il, le Terrier m’est ouvert et l’on entreprend des travaux. Ceux-là nous mènent ensuite vers la Meinau : un seul amour et pour toujours. Ai-je droit à faire une exception pour celle qui à côté de moi est installée ?

Sinon, je crois que je suis malade, je commence à parler d’une éventuelle année de khûbe, comme si je n’étais pas assez vieux. Une chose est sûre, je suis suffisamment con.

Seigneur, faites un effort : rendez-nous Jean Rochefort.

 

Novembre. Comme d’habitude, c’est le début des mois de merde, si bien qu’en faire le résumé serait quelque chose d’encore plus chiant que le mois lui-même, c’est vous dire. Quand bien même, j’aime emmerder l’ordre établi, et puis j’ai pas non plus envie de faire plaisir à ceux que ça fait chier de lire, même si d’un autre côté je me dis que rares sont les courageux qui n’ont pas cessé de lire à cette époque-ci de l’année…

Bref, histoire de dire qu’il s’est passé quelque chose, j’ai chanté Verdun on ne passe pas le onze du mois et ai évoqué la mémoire du général le neuf. Je le fais chaque année en fait. En plus de ça, je n’ai pas pris le temps d’écrire à la mémoire de ceux qui nous avaient quittés le treize, deux ans auparavant. Les pensées figurent encore.

L’avantage de novembre est que les gens restent chez eux, et que par conséquent personne ne vient voir Benoît Hamon, l’autre Monsieur 6%, qui me propose de monter un club après que je lui ai proposé d’aller discuter autour d’un kebab. Il n’a pas dit non.

Qui l’eût cru, il y a quelques temps, que pour un peu d’argent, j’enseignerais les lettres à une future douanière de haute voltige, me voilà prof, non mais je vous jure…

 

Décembre. Alors que je compare Lamartine à Marc Lévy dans une boutade tout à fait rigolarde pour mes camarades, je vois tomber dehors les premiers flocons d’une neige urbaine. Plus loin, c’est un Aircross qui sur cette même neige fera des dégâts assez fâcheux à ma Saxo. J’étais même pas fâché.

Je me prends à rêver d’un Noël en famille, je crois que ce verbe est bien choisi ; il ne manque que des cousins, une grand-mère, depuis quatre ans maintenant. C’était en 2013, je n’avais pas le bac à cette époque là, c’est vous dire si ça me parait loin. Il ne suffira finalement que d’une étincelle. Je ne sais pas si le destin a voulu que je retrouve des mots sensés avec des gens que je découvrais à cette même période, ou si je déraille complètement. En tout cas, mon frangin a dix-huit ans, et dans Strasbourg c’est tout à fait plaisant, avec lui de se balader, lentement.

Une semaine d’épreuves de six heures, c’est dans un quart d’heure comme dirait Brunozinho, c’est tout de suite pour s’entraîner, c’est en avril pour de vrai, vrai comme la fatigue autant installée sur cette chaise sur laquelle mon cul est posé pour composer :

    - Ça s’est bien passé ? 

    - Ça s’est passé, c’est déjà ça.

 

    Une année de plus que je résume par des mots plus ou moins sensés, par quelques conneries et autres anecdotes de merdes : le fruit d’une vie, celle d’un jeune homme, étudiant pour encore un bout de temps, qui ne rêve que d’harmonie entre les gens et dans sa famille. C’est la vie de celui qui espère que les humains s’entendent, en respectant chacun et ses croyances, son prochain et sa Patrie. Noël arrive déjà, et tout ce que je souhaite, c’est que chacun soit heureux. Allez-y, bourrez-vous la gueule, manger du foie gras vegan et empiffrez-vous de dinde sèche et bon marché : l’important c’est de participer. Pour moi ce ne fut pas une année de merde, pas non plus banale : je me suis engagé partout où je le pouvais et je tutoie le député, un bon début…

 

    Je vais vous laisser, ma grand-mère, ma tante et mes cousins viennent d’arriver, cela faisait quatre ans que je les attendais sous le sapin. Le plus beau des cadeaux, c’est celui-là.

  

Un joyeux et saint Noël, bande de laïques !

 À l’année prochaine mes petits couillons !

Elles sont toujours aussi laides ces infographies sur les années... Mais bon, celle-là est géographique alors je l'aime bien.

Elles sont toujours aussi laides ces infographies sur les années... Mais bon, celle-là est géographique alors je l'aime bien.

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